La protection contre l’incendie est un élément essentiel dans la planification des constructions et influence de manière décisive le choix des matériaux. En particulier dans les bâtiments à risque élevé – tels que les immeubles de grande hauteur, les écoles ou les hôpitaux – des exigences réglementaires strictes s'appliquent. Face à la multiplication des incendies majeurs ces dernières années, l’importance de mesures efficaces de protection incendie s’est accrue.
À l’échelle européenne, le comportement au feu des matériaux de construction est classifié selon la norme DIN EN 13501-1. Ce système harmonisé évalue non seulement l’inflammabilité, mais également le dégagement de fumée et la formation de gouttelettes enflammées.
Les sept classes de réaction au feu (Euroclasses) en un coup d'œil
La norme européenne divise les matériaux en sept classes de réaction au feu – appelées aussi Euroclasses – allant de A1 (incombustible) à F (très facilement inflammable). Outre le comportement au feu, le dégagement de fumée et la chute de particules ou de gouttelettes enflammées sont également pris en compte. La classification permet d’évaluer la contribution potentielle d’un matériau au développement d’un incendie.
Plus la classification est élevée, plus la complexité des essais et les caractéristiques nécessaires des matériaux augmentent :
- A1 & A2 – incombustibles, sans contribution à l’incendie
- B – difficilement inflammables, très faible contribution
- C – difficilement inflammables, faible contribution
- D – normalement inflammables, contribution acceptable
- E – inflammabilité normale, comportement au feu tolérable
- F – très facilement inflammables, aucune performance déterminée
Classifications complémentaires : fumée et gouttelettes enflammées
En plus de la classification principale, deux critères complémentaires sont pris en compte :
- Dégagement de fumée (classification « s »)
Le dégagement de fumée d'un matériau de construction est déterminé par le test SBI (Single Burning Item) et réparti en trois classes : - s1 : faible dégagement de fumée - gêne minimale pour la vue et la respiration.
- s2 : dégagement de fumée moyen - exposition modérée à la fumée.
- s3 : fort dégagement de fumée ou non testé - risque potentiellement élevé lié à la fumée.
- Gouttes enflammées (classification « d »)
La classification « d » (= droplets) décrit le comportement d'un matériau en termes de gouttes enflammées ou de chute de particules au cours des dix premières minutes d'un incendie : - d0 : pas de gouttes/chutes
- d1: chute/gouttelettes limitées (pas de chute/gouttelettes enflammées avec un temps de post-combustion supérieur à 10 secondes)
- d2: fort égouttement/pas de puissance constatée
Méthodes d'essai pour la détermination des classes de réaction au feu
La classification des matériaux de construction s'effectue sur la base de méthodes d'essai normalisées. Les principales caractéristiques suivantes sont examinées : combustibilité, dégagement de fumée, formation de gouttes enflammées. Les valeurs limites des euroclasses sont essentiellement basées sur des tests SBI (test d'un objet isolé en feu) ou sur des tests plus complets de type « Room Corner » (ISO 9705). Sur la base des résultats, les matériaux de construction testés sont répartis dans les Euroclasses correspondantes. Les limites entre les différentes classes sont toujours définies par le temps écoulé jusqu'au « flashover ».
Aperçu des méthodes d'essai :
- Test SBI (“Single Burning Item”) :
Le test SBI permet d‘évaluer le comportement au feu d‘un produit de construction et de simuler le début d‘un incendie. La classification (Euroclasse) est basée sur les différents paramètres testés – par exemple la propagation des flammes, l‘inflammabilité, la quantité de chaleur, de fumée et de gaz toxiques. En outre, le fait qu‘un produit fonde, s‘égoutte ou se carbonise est également pris en compte.
- Test d‘inflammabilité (EN ISO 11925-2) :
Cette structure de test très simple permet de déterminer, à l‘aide d‘une petite flamme, si un produit peut s‘enflammer facilement et si le feu se propage rapidement. Cette méthode est utilisée pour la classification des classes B, C, D et E. Elle permet de déterminer si un produit est dangereux ou non.
- Test d‘incombustibilité (EN ISO 1182) :
Ce test permet d‘identifier les produits classés A1 et A2 - c‘est-à-dire ceux qui ne contribuent pas ou pas de manière significative à un incendie. Pour ce faire, un échantillon de matériau est placé dans un four à environ 750 °C pendant 60 minutes au maximum. La classification se fait en fonction du changement de température, de la perte de masse et de la durée de l‘inflammation persistante.
- Test du pouvoir calorifique (EN ISO 1716) :
Ce test de pouvoir calorifique spécifique détermine la chaleur totale potentielle dégagée par un produit lors d‘une combustion complète. Dans ce cas, un échantillon en poudre est enflammé sous oxygène sous pression dans un cylindre en acier fermé et entouré d‘eau. Pour déterminer le potentiel calorifique supérieur (PCS), on mesure l‘augmentation de la température de l‘eau. Si la valeur reste inférieure à 2 MJ/kg maximum, le matériau est classé A1.